Les rêveries du gardien avec son chien

(Ou que se passe t-il lorsque le gardien a trop forcé sur le désherbage en fin de semaine ?)


 Cela ne vous a-t-il jamais étonné de trouver sur le bord du chemin, une telle profusion d’herbes, de fleurs, de ronces qui ont décidé de combler le fossé injustement ignoré ?

Une variété, cohabitation, harmonie ainsi qu’une densité qui pourraient en rappeler une autre ou beaucoup d’autres en réalité, sous les mers, dans les villes et les cieux. N’est-ce pas dans ce fossé qu’il est possible de retrouver une partie de l’humanité dans ce qu’elle a de plus spectaculairement ordonné et à la fois de grotesque.


Je me suis toujours interrogé sur le sens (si tant est qu’il y en ait un) de la multiplication, sur le nombre, la foule d’éléments, sur ce qui me semble exagéré ou parfois inutile. Pourquoi autant de vert, de preuves, de vie ? Ne suffirait-il pas d’une poignée de pissenlits et de quelques roses pour accueillir, soulager et faire suffisamment rêver une cinquantaine de promeneurs seulement sur chaque continent ? 


Ici, en lisière d’une majestueuse et munificente prairie dans laquelle viendront bientôt paisser les futures condamnées - ce creux rempli d’espoir, d’immuable vérité continue d’exhiber crânement son règne, sa toute puissance. Qu’importe qu’ils soient écrasés, fauchés - la fougère et le liseron reviennent plus vigoureux et effrontés. Une métaphorique pugnacité qui peut là aussi troubler.

C’est une chance inouïe que de pouvoir observer la structure du monde dans un fossé. Il y a en même temps ce vertige de tout voir et de ne rien y comprendre.

Une immensité verte aussi insondable que l’obscurité étoilée.


Les étoiles aussi sont fauchées, percutées, broyées – Et puis elles renaissent, plus fortes, plus grandes et plus rondes …

Alors c’est ça ? Plus il y a d’étoiles et de ronces … 


Et plus subsiste - la promesse.

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